Adio Patrice,

Je ne vais pas aider grandement mais une question peut faire avancer quand même : L'exc. médullaire est comment ? Globularia ou intricata ? ça peut changer beaucoup de choses...

Cordialement,
Beñat

Bonjour Benat , Patrice et tous, 
Patrice m'ayant donné une partie de sa récolte, je tente de répondre à ta question , s'agissant d'une chair que j'ai trouvée assez frappante par
- un excipulum tout à fait mixte de cellules rondes reliées par des hyphes cylindriques très nombreuses (structure assez classique pour le mélange mais ici inhabituelle selon mon expérience par cette densité) Epaissuer 700 µm à 1 cm de la marge 
- un sous hyménium  large de 150 µm environ que j'ai qualifié de subintricata car on y trouve aussi des éléments vésiculaires et   orientés perpendiculairement à l'hyménium. 

Je joins des images , si Patrice tu as fait un constat différent , n'hésite pas à le préciser . 
J'ajoute que la couleur bleue du lait est franchement subtile , bien moins évidente que chez badiofusca par exemple. 
Ne connais pas non plus P. phlebospora

Amitiés
Michel

Chers Collègues,

Oui je pense en effet qu'il s'agit Peziza badiofuscoides Donadini. J'ai publié un papier sur cette espèce il y a quelqes années. DOUGOUD, R. (1994) Le champigon du mois. Peziza badiofuscoides Donadini. - Bulletin Suisse de mycologie 3: 59-68. Vous devriez trouver l'entier de l'article sur le site Ascomycete.org. Je vous remets cependant, ci dessous  le chapitre "discussion" qui suit la description et ma planche de dessins en dossier attaché.

Amicalement, René

Discussion: Cette Pezize se distingue macroscopiquement par la présence de "lait" et par sa couleur, ainsi que par la couleur foncée de l’hyménium à pleine et post-maturité, et microscopiquement par les textures de la chair. P. badiofuscoides Donadini peut macroscopiquement être confondu, le "lait" excepté, surtout avec P. badia Pers. ex Mérat, avec P. badioconfusa Korf ou encore avec P.  limnea Maas G., cette dernière ayant, de plus, des ascospores semblables. Quant aux ressemblances avec les espèces exsudant un lait bleu, P.  saniosa  Schrader, P.  badiofusca (Boud.) Dennis et P. phlebospora (Le Gal) Donadini, la première possède un hyménium bleu foncé et un lait bleu intense; la seconde est une petite espèce à marge peu ou non redressée, d’un brun roux devenant moins foncé et à lait opalescent; la troisième, comparée avec la description originale Le Gal (1937) et Donadini  (1981) présente bien des caractères de la présente espèce, notamment la couleur de l’hyménium, mais l’ornementation sporale et la composition des textures de la chair sont bien différentes. Notons que les deux Auteurs cités décrivent P.  phlebophora le premier avec un lait blanc légèrement bleuâtre et le second avec un lait opalescent bleuâtre; curieusement cependant, l’espèce ne figure ni chez Le Gal (1941), ni chez Donadini (1981) dans la partie de la clé relative aux Peziza à lait bleuissant.

 

P.  badiofuscoides  est  décrite Donadini  (1978-1981) comme produisant des ascospores le plus souvent uniguttulées avec un cytoplasme granuleux.  J’ai certes observé de nombreuses ascospores de ce type, mais, le plus souvent, elles contenaient,  en plus de  la grosse guttule, une guttule de taille réduite et des granulations. Le mode de »guttulation » peut, à mon avis, être considéré comme un caractère absolument fiable que lorsque la (les) guttule(s) n’est (ne sont) pas accompagnée(s) de granulations, car ces dernières peuvent éventuellement fusionner. Les dimensions sporales de mes récoltes sont  légèrement supérieures à celles du typus,  soit  15-16  x  7,5-8  µm, sans l’ornementation. (Bien que Donadini ne le précise pas, il est vraisemblable qu’il ait mesuré les ascospores montées dans le bleu coton, comme il est logique de le faire lorsqu’elles sont ornementées). Hohmeyer (1986) donne les  mesures suivantes: 15-17 x 7,5-9 µm.

La description de la chair diffère de celle de Donadini(1981) par l’épaisseur des strates, ici plus importantes. Si l’on additionne les différentes épaisseurs des strates qu’il a mesuré,  on obtient un total de 425  µm,  ce qui me paraît invraisemblable et laisse penser à une erreur. Il est toutefois probable, la description de la chair ne figurant pas la dans la diagnose originale, que l’auteur ait décrit la chair plus tard,  à partir de l’espèce  conservée. Contrairement à Donadini (1981),  je ne considère pas son étroite  couche de cellules  externes (large de  25  µm), composée de  cellules d’un  diamètre  de  10-20   µm,  comme  distincte  et comme excipulum ectal. Je note ici la remarque  de Donadini (1984) à propos de la chair:  « Elle varie, comme les paraphyses, en fonction du substrat et de son environnement  (qu’il n’a pas précisé pour ce taxon). ... Une description  très  détaillée de la chair sans préciser les conditions de  récolte ne renseigne pas le lecteur et  risque même de  l’égarer. C’est ce  que nous avons fait ... en imitant des collègues qui étaient censés nous servir de modèles ».

 

Bonjour,

j'interviens un peu tardivement, mon antivirus m'empêchant hier d'ouvrir ce sujet. Merci Michel d'avoir apporté les explications supplémentaires au sujet de la structure de la chair, correspondant tout à fait à mes observations, mais certainement bien mieux explicitées.
Merci René pour cette intervention très claire et fort détaillée.
Bien amicalement et au plaisir de vous lire.

Patrice

Cher René, et tous, 

Merci de ta belle attention à nous répondre par le détail,
Ta discussion illustre parfaitement le parcours à taton  au gré des coupes et autres préparations entre les  différents taxons évoqués. 

Je joins pour doc supplémentaire un montage de qqs spores dans le BC .

Amitiés
Michel