Comme vous le savez, un grand nombre de champignons- "hétérobasidiés" en particulier- vivent aux dépens de leurs semblables. C' est le cas de tous les Tremella et Achroomyces, par exemple. Certaines espèces n' apprécient que les Ascomycères et , dans quelques cas, d' une façon hautement spécialisée, voire exclusive, quant à leur hôte de prédilection. Ainsi, Xenolachne longicornis paraît inféodé à quelques rares représentants des genres Cudoniella et Hymenoscyphus, alors que Krieglsteinera lasiosphaeriae ne semble parasiter, à ce jour, que Lasiosphaeria ovina...
A l' examen de vos propres récoltes, vous n' avez probablement pas manqué, un jour ou l' autre, d' être confrontés avec l' un de ces parasites intrahyméniaux. C' est pourquoi je me permets de faire appel à vous car je m' intéresse particulièrement à ce sujet, si injustement délaissé de la plupart des mycologues. Je suis donc preneur de toute information ou matériel de ce type que vous voudrez bien me faire parvenir. Merci par avance pour votre obligeance. Je rappelle, à toutes fins utiles, que ces parasites peuvent être soit apparents sur leur hôte sous la forme d' un basidiome cérébriforme, pustuleux ou étalé généralement gélatineux, soit imperceptibles à l' oeil nu ou sous la loupe et alors,détectables seulement au microscope. Dans tous les cas, ils se caractérisent par leurs basides longitudinalement ou transversalement "cloisonnées" (1) à maturité; par leurs spores souvent répétitives ou dotées d' un tube germinatif (visibles sur le basidiome seulement) et, dans certains cas, par des cellules haustoriales (sortes de "suçoirs" déstinés à la prédation de l' hôte).
Très cordialement et merci par avance.
(1) Ce n' est qu' une illusion d' optique! En réalité, les basides en question ne sont pas du tout cloisonnées, malgré les apparences! Elles produisent quatre (parfois deux ou moins) cellules (spores primaires) qui finissent par occuper tout l' espace interne de la baside, leur paroi propre se confondant, pour l' observateur, avec celle très rapprochées de leurs voisines et celle de la baside elle- même...Chacune de ces cellules développe alors une hyphe germinative (appelée à tort stérigmate) traversant la paroi de la baside et formant à son extrémité une basidiospore.

Gérard TRICHIES
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